23 août 2019
María Teresa est retraitée. Anuar a 22 mois. C’est la grand-mère et le petit-fils, ils sont en route vers le Main Stage depuis la zone du Forum Social et des clubs Jumping et Caribbean Uptempo. C’st cette route qui traverse Pura Vida, No Profit, Pachamama, l’African Village et l’espace qui a attiré l’attention d’Anuar, le Monde Magique. Pour avoir moins de 13 ans, Anuar n’a pas eu besoin de billet d’entrée pour accéder au Rototom Sunsplash. Sa grand-mère non plus vu qu’elle est retraitée, à qui il tient la main pour essayer de s’échapper et voir ce qu’il se passe au Rototom Circus. C’est la première fois que María Teresa vient au festival reggae, la troisième pour son petit-fils : “les enfants s’amusent beaucoup… Et les grands-parents aussi. C’est notre excuse”, rie-t-il.
C’est la première fois que Lucía paie avec un bracelet qu’elle porte. C’est l’une des retraitées qui est venue pour l’édition Stand up for Earth du Rototom avec la maison de retraite La Garrofera le lundi 19. L’institution rend visite au festival chaque année, passant par les micro-mondes qui composent l’enceinte. Tout le monde a son verre, mais aussi un sac de l’édition Peace Revolution. Face à la statue de Bob Marley, Lucía explique à deux jeunes festivaliers pourquoi elle est là. Elle leur montre le bracelet cashless grâce auquel elle pourra payer dans le festival : “Avoir son argent là-dessus est très pratique”. Lucía et ses amis de La Garrofera, tout comme le reste des retraités comme María Teresa et les moins de 13 ans, bénéficient de la politique de prix du festival et donc de l’entrée gratuite. Les personnes à mobilité réduite aussi, qui peuvent être accompagnées si besoin. L’enceinte dispose aussi d’installations adaptées pour les personnes à mobilité réduite. Enfin, il y a une réduction sur l’entrée pour les demandeurs et demandeuses d’emploi le 20 août.
Près de la place Marley, là où La Garrofera fait sa photo de groupe quelques jours plus tard, il y a le Forum Social. Leticia Cabo, médecin et activiste de l’ONG Proactiva Open Arms, prend le micro de cet espace d’échange et de débat pour mettre l’accent sur la situation que vit l’ONG : “Qu’il est bon de revenir. Le Rototom sera toujours un port sûr pour Open Arms”. Et peut-être même cette année plus que jamais. L’édition 2018 du festival a collaboré avec l’ONG, faisant don de l’argent de la collecte de verres réutilisables auprès des festivaliers, qui les ont déposés dans les conteneurs de bois prévus à cet effet Cette années, les bénéfices des verres seront destinés Greenpeace : Stand up for Earth.
Un port sûr. Le Rototom se transforme en festival inclusif et social qui regarde son public dans les yeux en lui tendant la main. Une affiche musicale seule ne peut pas représenter tous les aspects de la musique jamaïcaine. C’est pourquoi les activités extra-musicales ou des projets comme celui mené au centre pénitentiaire d’Albocàsser ont lieu, offrant un refuge pour toutes et tous. Un lieu de rencontre, pour éliminer le bruit du quotidien. Un petit bout de Zion. Parce que le Rototom Sunsplash est un festival vert, courageux, qui rugit en famille, qui est bien plus que de la musique et qui est capable de briser les chaînes.
Comme on peut le lire sur les fresques face à la Reggae University, “Beaucoup de petites gens, dans de petits endroits, qui font de petites choses, peuvent changer le monde” (Eduardo Galeano). Cela peut paraître cliché, mais de si petites choses comme déposer un verre dans un conteneur avant de quitter le festival, Lucía qui assiste à un festival de musique chaque été, Leticia qui peut sensibiliser ou María Teresa qui voit grandir et passe du temps avec son petit-fils Anuar peuvent changer le monde.
Asun Pérez